La vigne et le vin
Le commerce du vin est longtemps passé pour moins avantageux que celui de l’huile. De plus, comme ce produit s’exportait par mer, le développement du vignoble se fit d’abord sur le littoral avant d’atteindre l’intérieur. Les problèmes de gel, de concurrence, touchant la culture de l’olive, ainsi que les nouveaux débouchés offerts au vin avec le développement des transports suscitèrent l’intérêt de nos agriculteurs pour la vigne.
A partir de 1830, le vignoble connut un véritable essor. L’oïdium, un champignon alors inconnu qui le frappa en1847 ralentit un temps cette croissance et plusieurs années furent nécessaires pour trouver un traitement au souffre. Mais, paradoxalement, cette maladie fit aussi grimper fortement le prix du raisin et fit prendre conscience de sa bonne rentabilité.
Cet essor des plantations se poursuivit et s’accentua autour de 1860. Pendant vingt ans, on assista alors au grand défrichement des forêts varoises. A Lorgues, le cadastre de 1837 portait 1181 ha de bois, mais, dans son histoire de la commune publiée en 1864, François Courdouan estime qu’il n’en restait plus que 840. C’est donc 341 ha qui furent défrichés et mis en culture. On fit de grandes plantations sur des terres jusqu’alors ensemencées en céréales ou plantées en oliviers. La vigne profita donc simultanément de l’extension des surfaces cultivées et du recul des autres cultures. Parallèlement, les vignobles de plaine gagnèrent en importance.
La vigne devint donc sous le Second Empire la spéculation essentielle de l’agriculture lorguaise et varoise en général et prit la place de l’olivier comme source de richesse. Elle n’était pas encore à cette époque une monoculture, mais tendait à le devenir. C’était en tout cas la culture de base que l’on développait, alors que les autres, le blé et l’olivier, régressaient. Ce fut une profonde mutation pour le monde de la terre, la structure agricole lorguaise se trouvant ainsi peu à peu remodelée.