Lorgues
La maison de retraite des pères Assomptionnistes
Marie-Antoine (Varko) BENIN ( 1915-1964 ) Religieux bulgare de la Province de Lyon. Un religieux "oublié". Varko Benin est né à Kalatchli le 13 avril 1915 en Bulgarie. Recruté par les Capucins qui animent des paroisses de rite latin, il est 'entreposé' à notre séminaire de Karagatch (Turquie) où il apprend un peu de français. Ce n'est qu'en 1933 qu'il sort de l'oubli et qu'il est envoyé en France pour sa formation religieuse: d'abord un petit séjour à Lorgues (Var) comme postulant, puis l'entrée au noviciat de Nozeroy (Jura) où il prend l'habit comme religieux frère le 14 octobre 1934. Il y fait sa première profession le 15 octobre 1935 sous le nom de Fr. Marie-Antoine. Il est à nouveau dirigé sur Lorgues où il rend à la maison de repos les services du jardin et de la cuisine pendant 25 ans, en alternance avec le Fr. Kyril Bosev jusqu'au moment du départ de ce dernier en Bulgarie en 1943. L'époque est difficile: on se rappelle que le Fr. Marie-Antoine, profès perpétuel depuis le 15 octobre 1938, va souvent trouver le P. Jean, économe de l'époque, pour lui dire qu'il a mis l'eau à chauffer mais qu'il ne sait pas quoi y ajouter. On tâche tant bien que vaille de trouver quelques pâtes ou du riz ou des vesces converties en lentilles pour épaissir le liquide! En 1948, le Fr. Marie-Antoine trouve un remplaçant à la cuisine en la personne du Fr. Gabriel Guils et peut ainsi se consacrer uniquement au jardinage. Fort de son expérience culinaire antérieure, il en tire tous les légumes nécessaires à l'alimentation de la communauté. Fr. Marie-Antoine ajoute de lui-même à son travail manuel régulier l'apostolat de la presse par la distribution de porte à porte des diverses revues de la Bonne Presse. C'est surtout avec les enfants du pays qu'il fait merveille, faisant naître et vivre dans le presbytère, remis à neuf et baptisé 'Cité des jeunes', toutes les activités qui rassemblent la jeunesse: animations sportives, théâtrales, lectures, musique ... Aussi est-ce un déchirement pour les Lorguais lorsqu'en 1961, le P. Ract, Provincial de Lyon, dit son intention de transférer le Frère Marie-Antoine à Douvaine, sur les bords du Léman (Haute-Savoie). "Jamais, on ne remplacera le F. Antoine...". Oublié à Karagatch, oublié à Lorgues (1936-1961),va-t-il s'accommoder à son nouveau milieu de vie, lui qui craint le "froid sibérien" du Chablais, estimant même en souriant que le froid de l'hiver lui réserve le coup de grâce? Ne fait-il pas ses adieux en prévenant que "si l'on apprend sa mort, c'est qu'il sera mort de froid"? Mort accidentelle à Douvaine. Et pourtant, ayant fait le sacrifice de son cher Midi, le Fr. Marie-Antoine
en 1961 se met avec dynamisme à ses nouvelles fonctions: surveillance
et apprentissage pour des jeunes, soit orphelins, soit en difficulté
familiale. Il sait trouver le chemin de leur coeur, se préoccupant
grandement de leur formation humaine et spirituelle. En moins de quatre
ans, il est parfaitement adopté, imprimant son optimisme et son dynamisme
de jeune cinquantenaire aux jeux, aux promenades et aux activités
de l'apprentissage: "La seule chose qui importe, c'est de faire la
volonté de Dieu. Je dois tenir bon et travailler pour que tout marche
bien et maintenir ce que d'autres avant moi ont si bien commencé:
la formation de ces garçons, de leur caractère, en faire des
hommes et des chrétiens complets". Il garde dans sa prière
le souci des enfants de Dieu des pays slaves pour qu'ils retrouvent la vraie
liberté, celle promise aux hommes de bonne volonté. Mais le
13 juillet 1964, le Fr. Marie-Antoine, en salopette de peintre, transportant
du matériel entre la maison et la forge, se fait prendre en écharpe
par une voiture. Il est tué sur le coup, mort en service commandé
comme le fait remarquer le P. Amarin Mertz , supérieur, à
la présidence des obsèques le 16 juillet dans l'église
du village de Douvaine. Le souvenir d'un être aimé ne disparaît
pas dans le coeur des êtres qui l'ont connu, aimé et apprécié.
Le Fr. Marie-Antoine est inhumé à Douvaine. |