Lorgues

Couvent du Relars

 La grande croix de la maison des Pères
Par Yvonnek de Villers, Supérieur de la communauté assomptionniste
( Extrait de VAL N° 68 Décembre 2003)

" Quand vous passez devant la maison des Pères de l'Assomption, l'ancien couvent des Capucines, 236, rue Saint-Honorat, au nord-est de Lorgues, vous apercevez une croix monumentale de 6 mètres de haut, en bois couleur acajou. Cette croix ne porte pas de "Christ ". Elle porte, à la croisée de ses poutres, une plaque métalique en forme de coeur, entourée d'une couronne d'épines.
Cette croix a deux siecles d'histoire. C'est une "croix de mission", qui a été érigée en 1802 devant la chapelle de Saint Auxile, aujourd'hui disparue, qui était située au début de l'actuelle montée de Saint-Auxile, près de la place d'Entrechaux.
1802, c'est quelques années aprés la Révolution de 1789. Aprés la tourmente révolutionnaire, la Paroisse catholique de Lorgues accueille, cette année 1802, une "Mission" d'environ une semaine : des préditateurs du Diocèse exhortent les chrétiens lorguais à se ressaisir et à vivre de nouveau leur foi au grand jour. Et, pour laisser un souvenir de cette Mission historique, la Paroisse de Lorgues érige une croix de 6 mètres de haut, au bord du carrefour important qui jouxte la place d'Entrechaux et la chapelle de saint Auxile (saint Auxile* est un moine de Lerins, devenu evêque de Fréjus, martyrisé au 5e siècle ; " Auxile " veut dire "Auxiliaire" ou "Aide" ).

 Quarante deux ans plus tard, en 1844, la grande croix gêne sans doute un réaménagement du carrefour. La croix est transférée dans le quartier du Relars, à la place qu'elle occupe aujourd'hui.
En 1857, les Clarisses arrivent à Lorgues et construisent leur couvent justement dans le quartier du Relars, à l'ombre de la grande croix. Les "Clarisses", du nom de Sainte Claire, leur fondatrice, appelées aussi "Capucines" à cause de leur capuche, sont des religieuses contemplatives disciples de Saint François. Ce sont elles qui font ajouter sur la croix le coeur et la couronne d'épines, symboles de leur ordre, qu'on voit aujourd'hui.
Les Clarisses quittent leur couvent lorguais en 1930. Et les pères de l'Assomption; appelés aussi Assomptionnistes, reprennent alors le couvent des Capucines, à l'ombre de la croix de Saint-Auxile.

La pluie et les intempéries finissent par dégrader le bois de la croix. Cela nécessite plusieurs restaurations ou rénovations en 1867, 1901 et 1950.
Ces dernières années, le bois de la croix était encore très abimé. Un bras de la croix menaçait même de tomber, au risque de provoquer un accident. Heureusement, la mairie a pris en charge la réfection de cette vieille croix, dont la Commune est propriétaire depuis longtemps. Et elle a confié ce travail à Juan Linan, excellent menuisier de Lorgues. Celui-ci a refait entièrement à l'identique cette croix de 6 mètres de haut, de près de 2 mètres de large, avec des poutres carrées de 20 cm d'épaisseur, en y fixant le coeur et la couronne d'épines des Clarisses. Et c'est le 28 juillet dernier que la nouvelle croix identique à la précédente, a été solidement fixée sur son vieux socle de pierre.

Ainsi, maintenant, tous peuvent voir, quartier du Relars, cette grande et belle croix de Saint-Auxile, comme elle était en 1902. Depuis deux siècles, et pour longtemps, elle protège le quartier du Relars et toute la ville de Lorgues. Merci au menuisier et à la mairie, pour cette magnifique restauration. "

Sources : L. Nardin : Lorgues à la Belle-Epoque, 1981. Ch. Delseray : Rencontres no37, hivers 2003.

* Et non sainte Auxile, comme l'indique à tort le panneau actuel de lieu-dit.


 

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